Samedi 14 septembre 2013 à Saint-Claude

En 2008, la FONDATION DU PATRIMOINE et la FONDATION CREDIT COOPERATIF concluaient un partenariat destiné à soutenir des projets de sauvegarde d’éléments de patrimoine liés à l’économie sociale et solidaire. La Maison de Martin Nadaud en Limousin, et le Familistère de Guise en Picardie ont déjà bénéficié de ce mécénat pour leur réhabilitation.

En 2010, à l’occasion du centenaire de la Maison du peuple de Saint-Claude, la Fondation du patrimoine et la Fondation Crédit Coopératif apportaient un soutien financier de 40 000 € à l’association LA FRATERNELLE, qui réalise des travaux de sauvegarde et de restauration du bâtiment.
En parallèle à ce mécénat, la délégation Franche-Comté de la Fondation du patrimoine lançait une campagne de souscription populaire, à laquelle les Sanclaudiens ont répondu massivement. Grâce à leurs dons, près de 20 000 € supplémentaires ont été récoltés.

La Maison du peuple restaurée va rouvrir ses portes. Coopérative alimentaire créée en 1881 sous l’impulsion du socialiste Henri Ponard, devenue « cathédrale des temps nouveaux » inaugurée en 1910, elle hébergea les syndicats, les mutuelles, et de vastes espaces dévolus à la culture et à la « promotion socio-éducative de l’individu ».
Le bâtiment, inscrit à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, abrite aujourd’hui un espace culturel et artistique et un centre d’archives, lieu de mémoire, de diffusion et de création contemporaine implanté au cœur de la ville et du Haut-Jura.

La coopérative La Fraternelle est créée en 1881 par le Cercle ouvrier de Saint-Claude. Sous l’impulsion du socialiste Henri Ponard, qui en est membre et deviendra maire de Saint-Claude, de nouveaux statuts sont mis en place en 1896 pour renforcer le caractère social de cette entreprise. Les sociétaires acceptent ainsi de renoncer à leurs ristournes pour bénéficier en échange de caisses sociales (prévoyance, secours et retraite). On parle alors de l’Ecole de Saint-Claude, par opposition à l’Ecole de Nîmes qui prévoit la répartition des bénéfices entre les sociétaires. C’est toute une philosophie, une culture sociale, politique et syndicale, qui s’inventent. Et quoi de mieux que de réunir les différentes activités sous un même toit, comme l’avaient réalisé les ouvriers belges ? Les coopérateurs sanclaudiens achètent d’abord une bâtisse au cœur de la cité. Puis, soutenus par Jean Jaurès dès 1899, ils esquissent les plans d’une Maison du peuple qui sera inaugurée en 1910.

Foyer économique, La Fraternelle fut aussi un foyer éducatif avec un théâtre, un cinéma, une bibliothèque et une université populaire ; elle accueillit la seule salle de sport de la ville ; la création de la première pouponnière fit chuter le taux de mortalité infantile. Dès 1920, grâce à son imprimerie, elle édita un journal, Le Jura socialiste, diffusé dans toute la région, et héberga le siège du parti socialiste local.
La Maison du peuple connaîtra un remarquable essor économique jusqu’à la Seconde guerre mondiale. En 1942, en résistance contre les Nazis, elle ravitailla les habitants et les maquisards, ce qui lui vaudra d’être pillée et, à plusieurs dizaines de ses membres, d’être déportés.
Dans les années 80, la coopérative La Fraternelle cesse ses activités. Ses administrateurs fondent alors une association du même nom. Héritière d’une utopie, depuis 1984 l’association La Fraternelle fait revivre la Maison du peuple, afin de conserver et valoriser un patrimoine riche de plus d’un siècle d’histoire ouvrière.

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